L’Erotomane ou le plan cul refusé (2)

Le vendredi soir donc, on a rendez-vous à Pyramides, pas loin du restaurant. Je le trouve plutôt pas mal, mais il renifle toutes les quinze secondes et je n’aime pas ça. Au restaurant, je lui dis qu’il a l’air enrhumé et je fais semblant de chercher des mouchoirs dans mon sac sachant très bien que je n’en ai pas. Il me répond qu’il en a… alors pourquoi ne s’en sert-il pas ? Lorsqu’on commande, je me rends compte que le menu le moins cher est tout de même à 49 euros. Je suis extrêmement gênée et je le lui dis. Il me répond que ce n’est rien, qu’il invite souvent ses amis. Je ne savais pas qu’il gagnait bien sa vie, j’avais plutôt supposé le contraire.
Il me conseille de prendre le menu justement pour que je puisse goûter un peu de tout (il parle Japonais et s’y connaît bien). Lui commande une tête de poulpe !! Ca colle bien au personnage : expérimentateur, toujours à la recherche de nouvelles sensations.
Dès qu’il se met à manger, il me déçoit une fois de plus parce qu’il a un défaut rédhibitoire à mes yeux : il fait du bruit en mangeant ! Ca y est, je sais que ce ne pourra jamais être sérieux avec lui, c’est impossible, je ne supporte pas ça. Je me demande même si je n’ai pas esquissé un mouvement de recul quand je m’en suis aperçu.
D’ailleurs on rame pour trouver un truc à se dire, ce qui est tout de même très rare avec moi. Dans aucune des mes rencontres Meetic je n’ai eu de mal à parler. Là notre sujet principal est la nourriture, sinon pas grand chose. Il n’a aucune question à me poser sur mon métier parce qu’il connaît déjà des profs… c’est dommage, parce que c’est bien pratique quand je n’ai pas envie de flirter : j’ai toujours une anecdote toute fraîche à raconter. D’ailleurs son manque de curiosité à ce sujet m’étonne presque.
Résultat (provisoire) des courses : une addition à 116 euros (le record du Libanais est battu), une gêne persistante, la certitude que je ne pourrais jamais être en couple avec lui, un léger dégoût physique qui empêche un éventuel plan cul.

En même temps, je n’allais pas le planter là alors qu’il m’avait offert un tel resto. Je lui propose qu’on aille boire un verre ailleurs. On va dans un café à Palais Royal. Je paye les deux premières tournées de bière, lui la dernière. Là ça se passe beaucoup mieux, l’alcool aidant de mon côté. On parle quand même de choses et d’autres de mon métier, et son analyse est intéressante. Puis, évidemment, on passe à notre sujet favori à tous les deux, surtout une fois que je suis légèrement éméchée : le sexe. Il est d’ailleurs heureux que ma langue se délie et me le fait remarquer. Je lui raconte quelques plans cul de Meetic, du fait que ça s’était toujours passé chez moi. Je lui parle du problème de manque de respect entre les meeticiens. Je lui demande s’il est du genre à ne pas rappeler, et il me raconte qu’une fois il n’a pas rappelé parce que vraiment la fille l’avait horripilé. Qu’elle était montée chez lui et qu’elle lui avait imposé le fait de rester (alors qu’ils n’avaient rien fait). Moi je lui dis que dans ce genre de cas j’aurais dit « je pars » et j’aurais appelé un taxi. Il me touche la main en coup de vent et me dit qu’il m’aurait alors demandé de rester. Donc je lui plais un minimum. Je suis assez embêtée parce que du coup la balle est dans mon camp.
Plus tard, je me masse un peu le dos car il me tire, et je lui explique mon geste par le fait que j’ai les muscles noueux dans le dos. Evidemment, il propose de me masser, je dis « non ça va » de l’air le plus détaché possible. En même temps, je me pose déjà des questions. Il ne me dégoûte plus, il ne renifle plus. Il a l’air très expérimenté et je me demande si coucher avec lui ne serait pas une expérience intéressante.
En même temps, on parle de sexe et j’en apprends plus sur ses pratiques. Il a l’air de bien aimer le SM par exemple, mais le SM léger (je ne sais pas quelles sont ses limites d’ailleurs). Je lui demande s’il est du genre à aimer qu’on se pisse dessus, il me dit qu’il n’est pas branché là-dessus. Ca me rassure. Mais ensuite on parle de la sodomie et je lui demande sans y penser s’il s’est déjà fait enculer, il me répond oui. Tiens, je n’y avais pas pensé avant, mais cela ne m’étonne pas plus que cela qu’il soit bi ! Il me dit qu’il est hétéro à 90%, que les hommes ne l’intéressent pas en tant que tel mais que de temps en temps leur sexe oui. Bon, je prends cela à la rigolade mais je me dis que vraiment être avec lui ne serait pas possible après une telle révélation. Pour le plan cul je continue à m’interroger.

On finit par être chassé du café à minuit. Il propose d’aller ailleurs et même continuer comme ça jusqu’au bout de la nuit. Je lui dis que je vais rentrer parce que je bosse le lendemain. Il m’accompagne au métro et on prend ensemble la ligne 14 pour faire une station jusqu’à Châtelet, là où il habite. En même temps, il pouvait rentrer à pied chez lui, donc je commence à me demander jusqu’où il compte me raccompagner. Ca m’arrangerait bien qu’il parte, en fait. Je lui pose la question avant d’arriver sur mon quai. Il me dit qu’il ne prendra pas ma ligne à moins que je l’invite chez moi. Je ne sais pas quoi faire, je suis partagée entre l’envie de voir ce que c’est que de coucher avec un érotomane qui aime les plaisirs raffinés et l’envie de fuir pour exactement les mêmes raisons. Je lui dis que j’hésite. Juste avant que le métro n’arrive, il me dit « tu n’en as pas envie donc moi non plus ». Il avait sans doute raison, mais je pense qu’avec un peu d’insistance je risquais d’accepter.
En y repensant, je ne pense pas lui avoir fait un tel effet et je n’ai pas l’impression qu’il ait cherché à me séduire. D’ailleurs il n’avait rien du séducteur. Un truc m’a interpellée dans le chat qu’on a échangé le lendemain vers 19h30 : il se trouve « moche » et je n’ai pas eu le temps de rectifier.

Voici d’ailleurs le chat en question, version intégrale :

En y réfléchissant, je suis contente de ne pas avoir cédé à une tentation qui n’était somme toute qu’intellectuelle et pas étayée par une réelle attirance physique. Je me suis rendu compte que pour un plan cul, je préférais céder au Réparateur de PC, un type plus “classique” et donc plus rassurant dans ses désirs et sa sexualité, plutôt qu’à l’Erotomane, même si je me demanderai toujours si je ne suis pas passée à côté d’expériences nouvelles qui m’auraient peut-être plu.

9 Responses to “L’Erotomane ou le plan cul refusé (2)”

  1. SLAM Says:

    parce qu’un homme fait du bruit en mangeant il ne peut etre ton amoureux…c’est grave,ca me fait penser a des sketches ou l’amoureux ne pete pas,ne chie,ne pisse pas…c’est plus un etre vivant mais une poupée! simplement une poupée!consulte viiiiiiiiiite!mdr
    ton celibat t’es pas prete d’en sortir encore!!!(pense meme pas a faire des bebes!!!;-)

  2. Petit curieux Says:

    La conclusion a été écrite après la rencontre ou récemment ? Est-elle toujours d’actualité ?

  3. bourdu Says:

    Dommage…

  4. Dicéopolis Says:

    116 euros ! Pour une fille qu’on ne connaît pas du tout, si remarquable soit-elle, c’est pour le moins inopportun. Seuls les caractères présomptueux ou mal assurés ont le mauvais goût de sortir le grand jeu d’emblée. C’est d’ailleurs dans un cadre moins somptueux que tu as commencé à l’apprécier ! Il fallait réserver le restaurant japonais pour un deuxième rendez-vous, lorsque tu aurais été assez confiante pour être cueillie. En l’espèce, il n’a réussi qu’à t’intimider (outre ses manières il est vrai repoussantes).

    P.S. : ce restaurant, c’était le Wa, non ?

  5. Vincent Says:

    Ca devait pas etre le Wa mais un de ces restos de la rue Saint-Anne, pres de la station Pyramides. C’est vrai que c’est cher souvent, mais c’est du vrai japonais.

    J’adore lire tes histoires, surtout celle-la ou tu décris bien ton changement d’avis progressif. Il était si près du but, tu étais disponible à la fin. Il n’a pas porté l’estocade parceque finalement il n’en avait pas envie. A mon avis c’est quelqu’un de bien pour accepter de payer une telle note pour si peu. Il est sans doute blasé (avec son expérience) et avait besoin de se faire chauffer un peu pour aller plus loin.

  6. Dicéopolis Says:

    Vincent : justement… Etre riche et blasé ne dispense pas de politesse (causer avec la dame, ne pas la mettre mal à l’aise, manger sans bruits malsonnants, ne pas faire montre de penchants SM ou homosexuels à la première rencontre, ne pas dire des choses comme “je ne prendrai pas ta ligne à moins que tu m’invites chez toi” car ce n’est ni très gentil ni très subtil, se moucher et non renifler, etc.).
    Si le type entendait “se faire chauffer”, il fallait au moins qu’il fût assez sortable pour cela. D’ailleurs, un homme vraiment expérimenté ne compte pas sur la femme pour faire tout le travail de séduction.

  7. Perplexe Says:

    Mouais, je ne sais pas trop quoi penser de ce mec…
    Son comportement semble sain, en contradiction avec ce qu’il raconte. C’était peut-être juste un provocateur, qui a voulu tester ton degré d’ouverture d’esprit lol
    Quoi qu’il en soit, j’aurais eu moi du mal à fantasmer sur un mec qui mange une tête de poulpe… trop peur si je l’embrasse de tomber sur un bout de tentacule coincé entre les dents ;-) Re-beurk!
    En ce qui concerne l’addition, tout dépend dans quel cercle il évolue, 116 euros, c’est peut-être un prix normal pour lui, et pas une situation exceptionnelle.
    Après, il est assez fort quand il te laisse en plan et n’insiste pas : c’est le meilleur moyen pour susciter ton intérêt ;-)
    On sent quand même par rapport aux écrits précédents que tu te laisses moins convaincre si tu n’es pas séduite à 100%. Belle progression :-)

  8. Floupie Says:

    Juste comme çà : faire du bruit (déglutition etc) en mangeant, pour les japonais, est un marque de respect pour l’hôte. Ne pas en faire revient donc à l’insulter. Différence de culture…

  9. Saskia Says:

    @ Petit curieux – Conclusion réécrite récemment, pour la faire coller avec le post suivant, où je reparle du Réparateur de PC. Tout ça pour contextualiser !

    @ Dicéopolis – Le cadre n’était pas si somptueux, faut pas exagérer. Il y a des tas de restos super chers à Paris. Il avait envie de me faire connaître un des meilleurs restos japonais de Paris, c’est tout, et il a dû juger en chattant et au téléphone que je n’étais pas la première tocarde venue.
    Sur le restaurant, pas le Wa mais le Takara rue Molière, je n’ai pas été très convaincue. J’ai fait assez peu la différence avec l’excellent Sushi deux fois moins cher pas loin de chez moi. Comme dessert dans le menu j’ai pris un gâteau au thé vert qui m’a fait penser aux bons vieux quatre-quarts bretons. Franchement, pour 116 euros à deux on mange beaucoup mieux dans un restaurant français !

    @ Vincent – Ce n’était pas non plus un resto de la rue Sainte-Anne mais le Takara rue Molière.
    Ton analyse est la bonne, je crois.

    @ Dicéopolis (bis) – Tu confonds un peu tout non ? Il n’est pas si évident d’être à l’aise à un premier rendez-vous, ensuite les penchants SM ou homo ne sont pas « malpolis », et je suis aussi fautive que lui si la conversation dérape sur le sexe, il m’avait d’ailleurs déjà parlé d’échangisme dans les chats. C’est sûr qu’à côté de lui je passais pour une petite joueuse, bien sage, mais au moins il ne me prenait pas pour une salope, lui !
    La proposition de me raccompagner si je l’invite n’a rien d’impoli, c’est quelque chose d’assez attendu lors d’un rendez-vous meetic de deux personnes aimant le sexe.
    Le bruit en mangeant n’est pas considéré comme impoli par tout le monde. Ensuite, il est grand seigneur, et même si ça m’a mis mal à l’aise, je préfère ça aux mecs un peu trop pingres que l’on croise sur Meetic, qui sont bien contents d’affirmer l’égalité des sexes quand ça les arrange !
    Reste le reniflement, et là je l’admets, ça ne se fait pas !!
    Il est expérimenté mais assez timide et peu séducteur dans le fond (cf. l’histoire qu’il m’a racontée sur la fille qu’il n’avait pas osé toucher). Je n’ai pas trouvé qu’il manquait de subtilité : j’ai compris ses intentions et j’étais assez peu séduite.

    @ Perplexe – Il n’a pas particulièrement suscité mon intérêt. Ni lui ni moi n’étions très motivés.
    « tu te laisses moins convaincre si tu n’es pas séduite à 100% ». Bah si, cf. le dernier post, mais après je fus vaccinée.

    @ floupie – Je sais, j’ai d’ailleurs du mal à regarder les films coréens ou japonais quand les personnages se mettent à manger!
    A propos, autre différence culturelle : dans les films japonais (comme les 7 samouraïs) les hommes pleurent constamment !

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