Celui qui n’était pas libre de répondre à mes désirs (2) Les Raisons de la Colère
décembre 24th, 2007MOI- Je me suis dit que si tu habitais une maison c’est sans doute que tu avais des enfants
LUI- c’était induit ; je t’imagine suffisemment maligne pour l’avoir compris ; c’est d’ailleurs pour ça que je t’ai contacté, finesse d’analyse et franchise
MOI - Oui mais tu as sans doute lu aussi que je ne faisais pas dans l’adultère
LUI - Je ne cherche pas à priori ça
MOI corrigeant son orthographe - a priori
LUII - si c’est pour cela uniquement, j’ai suffisemment de voyages pour règler le problème
MOI ironique - Je suis flattée ; corrigeant son orthographe - Suffisamment en tout cas
LUI- et même si je ne suis ni un appollon ni un champion au mots flèchés, j’ai parfois ma chance avec les hotesses de l’air ; bon c’est juste pour rire que j’ai dit ça, ni pour te vexer ni par mépris pour les hotesses ; enfin pour essayer de te faire sourire.
MOI cinglante – c’est loupé.
LUI – Désolé Saskia
MOI me préparant à partir – Bon, je pense que j’en sais assez ; bon courage dans tes démêlés sentimentaux.
LUI - Tu veux que je sois totalement honnete?
MOI restant – Oui
LUI – en 10 ans de voyage, je n’ai jamais trompé mon épouse ; des occasions j’en ai eu plusieurs ; mais je ne l’ai jamais fait
MOI colère froide- Ne fais pas comme si c’était un exploit ça me dégoûte
LUI - non pas du tout je le dis parce que je pense que j’ai raison de ne pas l’avoir fait et je le dis pour que tu ne penses pas que ma motivation pour te contacter était de tromper mon épouse
MOI terre-à-terre - Tu te sépares? ; rebondissant sur la phrase d’avant - Ca ne m’intéresse pas beaucoup plus tu sais.
LUI - je pense honnetement que si on continue à être malheureux 3 mois de plus on y aura droit
MOI terre-à-terre - Donc tu n’en es même pas à envisager la séparation. Je ne vois pas pourquoi tu me contactes (traduisons : tu n’avais pas besoin de mettre ce PS séducteur à la fin de ton premier mail si tu n’envisageais ni l’adultère ni la séparation d’avec ta femme).
LUI - on en a parlé hier à l’aéroport ; prendre de l’air ; mais comme tu le sais, septembre c’est pas l’idéal pour ça
MOI (donc je suis de l’air…) - Je suis flattée (bis) ; Prendre de l’air
LUI - lol je traduis? essayer d’être un peu heureux
MOI ironique - Ecoute je suis ravie pour toi, ravie aussi d’avoir chatté au lieu de te proposer une rencontre ce que j’ai failli faire ; Comme ça ça m’évitera de perdre mon temps ; Mets toi à ma place, qu’est-ce que j’aurais à faire dans une telle galère puisque tu as la délicatesse de me prévenir?
LUI- Je comprends tout à fait
Il me demande ensuite si je suis d’accord sur poursuivre sur le mode amical. Je ne suis pas particulièrement intéressée, mais je lui concède que je lui répondrai s’il m’envoie un mail… La conversation prend ensuite une tournure très étrange, où je détecte pour la première fois son côté allumeur. D’une manière emberlificotée, il veut savoir si j’aurais accepté un « plan cul » s’il m’avait caché sa situation, tout en se défendant de l’envisager autrement que de manière théorique. Voilà donc à quoi il voulait en venir ? Je suis la spécialiste des plans cul et il veut savoir si théoriquement il est éligible pour figurer dans mon tableau de chasse. Je suis consternée.
LUI- 2ème question qui me travaille, si je n’avais pas eu l’honnêteté intellectuelle de ne pas cacher ma situation et de te confirmer ce que tu avais donc déjà deviné ; en admettant que nous nous soyions mutuellement trouvé à notre goût et que nous l’ayions envisagé sur le registre du “plan cul”
MOI - C’est là que tu ne me connais pas
LUI - c’est pour ça que je pose la question
MOI- Je ne cherche plus le plan cul même si j’en trouve toujours
LUI - tu remarqueras que je suis suffisemment élégant pour ne même pas l’avoir envisagé
MOI - n’en croyant pas un mot - je préfère les plans cul avec les jeunes
LUI - pan dans les dents! ça va mon égo tiens le choc ; mais ma question est purement théorique
MOI - Mais je n’ai pas encore compris la question
LUI - un mensonge suffisemment bien ficelé peut il apporter du positif?
Mais où veut-il en venir au juste ? Est-ce qu’il me propose un plan cul de manière détournée ? Est-ce qu’il veut juste savoir s’il aurait eu sa chance pour se rassurer sur ses capacités à séduire ? Veut-il savoir de quelle manière s’y prendre pour coucher avec d’autres ?
Je préfère en rester à la première hypothèse qui, sur le moment, me parait la plus plausible:
MOI- Je ne peux pas répondre à “est-ce que tu aurais couché avec moi?” alors que je ne t’ai pas vu
LUI - je ne pose pas ce genre de question je ne l’ai même pas envisagé
Un peu plus tard, il me repose la question en théorie :
LUI- un plan cul avec un jeune marié qui te le cache suffisemment pour que tu ne le sache pas est il une expérience positive
MOI- “jeune marié” en plus?
LUI- je ne te le propose pas et n’y pense même pas, j’imagine ce que tu as du recevoir et je suis quand même au dessus de ça
Je trouve sa dernière remarque très désobligeante. Il fait référence à d’autres propositions d’hommes mariés qui me sont parvenues par ce blog et qui avaient au moins le mérite d’être plus directes. Je ne comprends toujours pas pourquoi il veut absolument que je réponde à sa question en théorie s’il n’est pas intéressé par la pratique.
MOI- Un plan cul n’est pas le type d’expérience positive que je cherche de toute façon ; j’ai déjà des amants ; Voilà la réponse ; Des amants qui ne sont pas engagés
LUI - après avoir fait le tour de la question, mieux vaut avoir des amants que l’on connait et apprécie plus que des passages
A-t-il fait le tour de la question « en théorie » ? Il préférerait coucher avec moi plutôt qu’avec des hôtesses de l’air parce qu’il a le sentiment de me connaître via ce blog ? Peut-être que c’est de moi dont il parle « en théorie ». Sa dernière remarque plaide en ce sens : « l’idée c’est que même quand on est célibataire la notion de confiance de construction et d’engagement est importante ». J’ai du mal à interpréter tout cela, je suis pressée, et je mets fin à cet entretien qui m’a beaucoup contrariée. Malédiction ? A chaque fois que j’entrevois une lueur d’espoir, elle disparaît aussi sec. La désillusion est mon pain quotidien.
Quelques temps après, il m’envoie un mail où il admet quelque peu son penchant allumeur, son besoin de plaire à quelqu’un d’autre que sa femme pour se rassurer. Il montre aussi qu’il est perdu et malheureux :
J’ai senti que tu étais en boule contre moi, et j’espère que tu n’as pas assimilé nos différents mails et ce petit chat à une complète perte de temps auquel cas j’en serais sincèrement désolé et te présenterais sincèrement mes excuses.
On peut être dans une période ou l’on vit totalement dans le brouillard et une certaine forme de solitude, sans doute la pire puisque l’on a “moralement” pas le droit d’en sortir, et chercher des contacts enrichissants qui sont réceptifs à vos qualités ou à vos intérêts et vous apprécient pour cela.
Je serais malhonnête de dire que je n’aurais pas apprécié que nous jouions un peu au jeu de la séduction, c’est sans doute très narcissique de ma part, vérifier que je peux toujours plaire à quelqu’un d’exigeant m’aurait flatté.
Je n’avais pas compris ni envisagé le fait que tu étais préoccupée par le temps qui file et que tu cherchais véritablement à t’engager, c’est une erreur de ma part.
Notre conversation aura en tout cas servi à m’aider à admettre qu’une suite d’aventures sexuelles est sans doute aussi négative que pas de sexe du tout ou du sexe rationné, et je l’espère, servi à te matérialiser ce qu’une union qui tourne mal (allez je continue à y croire, momentanément) peut avoir de destabilisant (bien que j’imagine que tu es parfaitement au courant et que c’est une des raisons de ton célibat).
Malgré ses excuses et son mea culpa, je reste de marbre et je veux lui faire mal :
Oui, tu m’as mise en colère et tu as gâché une partie de mon après-midi parce que je déteste comme tout le monde qu’on se fiche de moi. C’est très narcissique et très égoïste de ne pas réaliser que jouer avec les gens ça les fait souffrir. Mais je sais ne pas rentrer dans des situations toxiques et me protéger. C’est en effet une des raisons de mon “célibat”: contrairement à d’autres, je n’ai pas besoin d’être avec quelqu’un à tout prix, et il y a tellement de gens qui m’ennuient que je préfère la solitude à leur compagnie. Précisément, tu te trompes sur un point, je n’ai pas fait une croix sur toi en apprenant que tu étais marié (je le savais déjà, il ne me restait qu’à vérifier) mais au bout de dix minutes de chat après l’étalage autosatisfait de tes connaissances de globe-trotter. Tu savais pourtant que tu avais ce travers “pédant”, et j’avais apprécié ta crise de lucidité à ce propos l’autre jour.
Quant à tes questions alambiquées de la fin, inutile de savoir si je coucherais avec un mec marié s’il ne le disait pas, alors que de toute façon je devine ces choses là parce que je ne laisse jamais aucun détail au hasard et que j’ai pas mal d’intuition. Je ne couche avec des hommes mariés sous aucun prétexte. Tiens, surprenant de la part de Saskia-la-salope.
Enfin, ne te targues surtout pas d’avoir été honnête, puisque tu l’as été trop tard déjà. Quand je parlais de “délicatesse” tout à l’heure, tu n’as pas compris que c’était ironique. Celui qui trompe sa femme en voyage est beaucoup moins malhonnête que celui qui recherche une vraie liaison, consolante pour lui, dévastatrice pour sa maîtresse, ne le vois-tu pas? Je préfère encore les mecs qui cèdent à une pulsion et qui l’assument à ceux qui font croire qu’ils ont des sentiments quand ils recherchent surtout le regard flatteur que leur épouse ne leur accorde plus, sans doute à raison. Et c’est bien ça que tu cherches, tu l’écris noir sur blanc.
(A suivre)