Celui qui n’était pas libre de répondre à mes désirs (7) …des Allumeurs.
L’Homme marié avait promis de se faire discret. Il n’a pas tenu parole. Loin de se contenter de me “tenir au courant” de son “parcours”, il a continué à me parler régulièrement sur MSN et de mon côté je n’ai pas réussi à rompre le contact. Cela a commencé le lundi suivant, 22 octobre, par un long chat amical et très « innocent »…qui a repris deux jours plus tard. J’avais des problèmes domestiques, et il a fait mine de ne pas me proposer de venir m’aider, de peur que j’interprète mal son généreux élan : «si je te propose de venir faire le plombier, tu vas me dire que c’est un prétexte pour monter chez toi et que même si honnêtement je suis persuadé du contraire etc.». Voilà un schéma qui s’est reproduit par la suite : il propose de manière plus ou moins détournée de me revoir, mais se rétracte en jouant l’ingénu. J’ai essayé de lui faire comprendre qu’en tant qu’adultes on pouvait peut-être reconnaître certaines pulsions : «j’ai juste dit qu’il y avait des chances que ça dérape ce que tu ne veux pas admettre / or tu as déjà croqué le fruit défendu ». Et il répond sans réaliser qu’il est en pleine contradiction : «croqué, tu y vas fort, juste senti et effleuré, d’ailleurs il sent bon et il est doux mais c’est totalement objectif, donc danger ».
J’attends le moment où il sera prêt à admettre qu’il y a de l’unfinished business dans l’air. Quelques jours plus tard, après une interruption pour cause de vacances, il annonce qu’il s’absentera pendant trois semaines. J’avais raison de penser qu’il allait finir par craquer. N’y tenant plus, il se lâche enfin.
LUI - et ben tu es allongée alors j’en profite, l’autre jour, tu étais douce et sensuelle comme rarement je l’ai ressenti, et tu m’as embrassé merveilleusement ; comme ça tu ne peux pas tomber de ta chaise
Je ne m’étais pas préparée à une telle révélation. Elle me fait suffoquer. J’ai l’impression qu’il est de nouveau en train de m’embrasser et je ressens le même effet que lorsque c’était réel. Il faut que je saisisse l’occasion avant qu’il trouve le moyen de changer de sujet. Je réponds délibérément en insistant sur le côté purement sexuel de mes envies, au cas où ça le rassurerait de comprendre que je ne voulais pas d’une liaison romantique.
MOI- moi aussi j’ai trouvé ça sensuel ; franchement ça faisait très longtemps que je n’avais pas été aussi excitée par un baiser ; du coup j’étais très embêtée le lendemain
LUI- tu vois, le frisson était tout partagé
MOI- c’est bien pour ça que c’était excitant
LUI- enfin moi je crains que cela ne se soit vu
MOI- oui, je sais, c’était drôle ; mais en réalité j’étais dans le même état ; tout en étant très attérée par tout ça
LUI- drole drole, mais tu vas me vexer!
MOI- pourquoi?
LUI - (ouf, j’ai trouvé une pirouette de sortie)
Moi (ah non, tu ne sortiras pas si facilement de cette conversation, mon coco) - si c’était drôle parce que c’était à travers une espèce de doudoune ; je sais là tu te dis qu’on va trop loin
LUI- pourtant j’en avais prise une épaisse
MOI- mais franchement je ne vois pas où est le problème si tu te casses trois semaines ; tu as déjà eu le temps de digérer ce baiser
LUI- la meilleure gastronomie ne s’oublie jamais, pense aux madeleines ; tiens d’ailleurs, j’ai super fin moi ; faim ou la la
MOI - oh le beau lapsus ; tu essayes de t’échapper là (et tu n’y arriveras pas si facilement…) est-ce que tu avais compris que moi aussi ça m’avait fait de l’effet?
LUI – oui ; je sais qu’on avait mutuellement très envie l’un de l’autre
Bon, je pense que désormais il ne nous reste plus qu’à assouvir une envie mutuellement avouée et partagée, qu’il vient opportunément de réactiver. En plus, il enfonce le clou : « en tout cas, c’était un des baisers les plus érotiques de ma vie / tu dois être une magnifique amante ». Je lui explique que je suis frustrée par sa faute, et il insiste encore « ou la la, on va vraiment devenir dangereux ». Je réponds que je ne vois pas ce qui serait dangereux. A t-il compris qu’il avait le feu vert pour entreprendre de me revoir avec autre chose que des intentions innocentes ? Je pense que oui, et je me trompe.
Même pendant son voyage, quand il arrive à se connecter, il continue à attiser l’envie, par exemple en me proposant des massages. Lorsqu’il rentre en France entre deux départs, il recommence son petit jeu : il me demande en plaisantant de l’héberger à cause des grèves. Il promet qu’on se reverra bientôt, je lui dis de ne pas trop tarder, et là tout ce qu’il trouve à me dire c’est qu’il souhaite que je tombe amoureuse d’un autre : « je serais ravi et sincèrement, si tu me disais que tu étais heureuse et amoureuse dans 2 3 5 ou 10 jours ». Je suis exaspérée.
MOI- tu sais, je trouve que ton attitude est celle d’un allumeur ; et ça ne me plaît pas ; parce que relis tes chats
LUI- je te sentais énervée aujourd’hui ; j’aurais pas dû
MOI- non, je ne suis pas énervée
LUI - c’est pire pour moi
MOI- c’est-à-dire que cette hypothèse se vérifie ; à chaque fois que tu m’écris, tu me fais des compliments, des allusions coquines ; donc tu m’allumes et depuis notre baiser j’y suis sensible ; mais tu te rétractes
LUI - rappelle toi que qu’à la base, on ne veut d’une liaison ni l’un ni l’autre ; désolé, sincèrement, mais ça sur le compte des hormones
MOI (les hormones, à son âge, je rêve ! ) - c’est trop facile ; je n’ai pas dit que je voulais d’une liaison et je n’ai pas changé d’avis (…) mais il y a aussi le plan cul tu le sais bien ; tu sais bien que je suis sensible quand on m’allume ; c’est partout dans mon blog (…) traite les autres de goujat tant que tu peux ; pour moi le goujat en chef c’est l’allumeur
(…)
Lui – l’allumeur, comment ne pas l’être alors que tu ne veux ni liaison ni plan cul, je ne sais pas
MOI- mais tu n’as pas compris: j’ai dit que j’étais OK pour tenter le plan cul
(…)
LUI- ahh, là j’avais pas compris du tout
MOI- parce qu’une alchimie comme celle là n’est pas banale
LUI- vu et reçu
Moi- enfin tu te fiches un peu de moi là
LUI- non honnêtement ; je suis sans doute un peu naïf et benet mais j’avais pas saisi que tu laissais la chance ; je comprends nettement mieux l’allumeur maintenant
Il explique qu’il a tendance à faire des compliments à tour de bras sans penser à mal, qu’il fait ça avec sa (vieille) secrétaire. Oui, mais a-t-il embrassé sa secrétaire ? Il admet qu’avec moi il entretient une grosse ambiguïté, parce que « ce qui est anodin et presque réflexe » avec d’autres, il doit admettre qu’il aimerait bien le « réaliser » avec moi. Il reconnaît qu’il m’a allumée, et propose de se faire « silencieux et discret », qu’il finira par se libérer. Je n’avais pas compris que sa résolution de ne plus me parler commençait à cet instant même.
Mettre son bout : l’obsession du séducteur. Mettre les bouts : l’obsession de l’allumeur*.
(A suivre)
* Petit cadeau d’un de mes lecteurs…
janvier 28th, 2008 at 10:35
Bien joué, le terme “allumeur” est tout à fait bien trouvé…
Il t’excite, il t’excite, mais finalement ne va pas plus loin…Et, son ambiguité si séduisante et troublante t’oblige à formuler texto ce dont tu as envie… Tu as eu raison de prendre les choses en main, et de faire cesser ce petit manège…
En tout cas cet homme a bien de la chance. On sait que c’est difficile de séduire une femme, et bien qu’il ne soit pas plus attirant que cela en tête-à-tête, et qu’il cumule les situations de prise de tête, il a un gros atout apparremment : il embrasse bien…
En tout cas, après avoir rencontré Saskia, la fille difficile, il a au moinsg gagné cela : il s’est assuré de son pouvoir de séduction…
Mais, il va continuer à jouer avec l’ecitation de femmes, quand sa femme à lui est froide…
janvier 28th, 2008 at 11:12
Bon là j’avoue : dans ce post, je perçois en effet que ce monsieur est quelque peu bizarre (ou allumeur en effet) !!
janvier 28th, 2008 at 12:14
Zut… et rezut … horreur glauque… je me retrouve complètement dans la description faite de ce monsieur… c est terrible et je me rends bien compte de l effet désagréable que cela peut avoir…
Marié et ayant déjà “croquer le fruit défendu” je joue le même jeu … gentiment allumeur je retarde au maximum le moment d assouvir les désirs que j ai moi même créer… peut être sans vraiment le vouloir ! Je ne sais si je me mens à moi même ou si c’est une sorte de protection.
En tous cas tout y est … même le fameux : “j aimerai que tu tombe amoureuse d un autre et que tu sois heureuse… ” Je l ai fait c’est horrible !
Au plaisir de lire la suite !
E.
janvier 28th, 2008 at 14:23
Tout a l’air si compliqué avec lui, et il n’a pas 20 ans, loin de là. Jouer, prétexter, se rétracter… C’est si puéril, surtout quand c’est inconscient.
A lire, c’est exaspérant. A vivre, je comprends que ça doit être… rageant.
Vivement la suite alors…
janvier 28th, 2008 at 14:25
Intéressant renversement du cliché sexiste qui veut que les femmes séduisent pour se rassurer sans jamais (ou si rarement) avoir l’intention d’”aller plus loin”, alors que les hommes, c’est bien connu, vont droit à la conclusion, qui seule les intéresse.
Fort intéressante aussi votre évolution dans cette affaire, d’une attitude réservée a priori face à un homme que vous jugez ne pas correspondre à vos critères de choix, jusqu’à l’obligation où finalement il vous place de lui mettre vous-même les points sur les i(par aveuglement ou par mauvaise foi? il me semble que ce n’est pas explicité: ai-je mal lu?).
Sachez que je lis votre blog avec beaucoup d’intérêt: attendez-vous à me relire d’ici peu (est-ce une promesse ou une menace? Je vous laisse juge).
janvier 30th, 2008 at 15:33
Il y a un “à suivre” mais tu dis qu’il arrête de te parler, voilà qui est intrigant.
Va-t-il t’attendre dans ta cage d’escalier et te faire l’amour sans que vous ne vous parliez? :-p
J’ai bien peur que ça se finisse un peu plus platement vu le peu d’initiative dont il fait preuve!
janvier 31st, 2008 at 14:04
J’ai moi aussi eu affaire au mec-marié-qui-aurait-voulu-mais-qui-ne-veut-plus-et-ne-sait-pas-trop-où-il-en-est-après-un-baiser, ils prolifèrent sur le net… cela dit, je te trouve bien patiente avec ce genre de types, tellement effrayés à l’idée de vivre un peu qu’ils préfèrent s’enfermer dans un bocal pour le reste de leurs jours… ces mecs sont lâches, soit, on pourrait leur pardonner ce travers humain, s’ils n’étaient en sus complètement déphasés… On ne peut rien tirer de frileux pareils, à moins d’être leur femme et alors là, bonjour le gros lot, vous pouvez être sûre qu’il sera là tous les soirs, et pourquoi madame? Parce qu’il n’a pas assez de couilles pour vivre pleinement, et préfère vivoter à vos côtés… merci bien, je passe mon chemin, des enflammés il y en a quelques-uns, et je les préfère de loin aux recroquevillés! Et pour en revenir au mec marié-qui-aurait-voulu, etc. etc., j’ai maintenu le contact durant une soirée : celle qui précédait la nuit qu’il m’a refusée, sous prétexte de n’être pas le bon moment, pas le bon endroit… Après? Ben, je l’ai renvoyé à la platitude de son existence. Si ça se trouve, à l’heure qu’il est, il est momifié dans son tablier de cuisine. Et tu sais quoi, Saskia? ben, ça me fait bien rigoler!
janvier 31st, 2008 at 21:43
Oui ! Merci Vilain Cram Cram !
Je les laisse à leur femme ! Pour le dire crûment, ils manquent de couilles, ceux là.
février 3rd, 2008 at 22:46
@ Loic- C’est cette obligation de formuler les choses de façon précise qui m’a un peu dégoûtée ensuite. L’Homme marié s’était aveuglé mais il s’en est voulu après, il accepte tout à fait mes critiques.
Tu me trouves si difficile ? Moi non.
@ Pinkophage – Et n’oublies pas que moi, quand j’écris un post, j’en sais plus sur la situation et je connais la suite… il y a donc des chances que ce soit moi qui voie juste, mais tu as le droit de me livrer tes interprétations, c’est toujours intéressant.
@ Eric – Yes ! Mes posts auront au moins servi à cette prise de conscience chez toi. Bah oui, rends-toi compte, tu as des êtres humains en face de toi… Au fait, je trouve que c’est ce qu’il y a de pire ce « je te souhaite de tomber amoureuse d’un autre », c’est la dernière chose que j’ai envie d’entendre venant de lui à ce moment-là. C’est de la fausse sollicitude, du flan, du « je suis innocent, moi » et ça se voit.
@ Germaine – Oui, c’est rageant, et c’est bien pour ça que je mets fin au petit jeu en lançant « ton attitude est celle d’un allumeur et ça ne me plait pas ». C’était la meilleure chose à dire, et ça a été constructif pour lui aussi. Après lui dire Ok pour le plan cul, moins futé.
@ Ourson – Merci pour ton mail, je vais prendre le temps de répondre, mais je n’en ai pas beaucoup en ce moment.
Merci pour le commentaire aussi, c’est très intéressant, bien sûr que ce sont des clichés, on peut être une femme et vouloir se rassurer en passant à l’acte (moi en tout cas)… chez l’homme il faut comprendre qu’il y a la question de la « performance », qui peut les pousser ou les bloquer.
Aveuglement et mauvaise foi, les deux à la fois je pense.
Je n’aime pas cette évolution, devoir mettre les points sur le i (voir le prochain post).
@ Vincent – Ca finit « platement », crois-moi.
@ Vilain Cram Cram – Je comprends ta hargne, mais je ne suis pas prête à dédouaner sa femme aussi facilement.
Après, qu’il préfère s’enfermer dans un bocal, c’est effectivement un choix, mais la décision de la « libération » n’est pas facile à prendre. Tu n’as jamais traîné avant de rompre avec quelqu’un ? Moi oui. Je pense que l’issue est inéluctable en tout cas, son couple ne pourra pas tenir, et si ça tient, ce ne sera que formellement, et il sera malheureux, encore plus qu’aujourd’hui.
@ Never – pareil !
février 5th, 2008 at 13:53
Bon, je l’admets “difficile” est un mot un peu lancé à l’emporte-pièce…
La vérité, c’est que tu es ni facile ni difficile, ou plutôt parfois difficile parfois facile…
Certaines choses suffisent à te charmer, d’autres grands efforts te laisseront froide…
C’est tout, ce sont les mystères de la seduction : chacun est touché par des choses différentes, et c’est bien comme ça