Celui qui n’était pas libre de répondre à mes désirs (7) …des Allumeurs.
Lundi, janvier 28th, 2008L’Homme marié avait promis de se faire discret. Il n’a pas tenu parole. Loin de se contenter de me “tenir au courant” de son “parcours”, il a continué à me parler régulièrement sur MSN et de mon côté je n’ai pas réussi à rompre le contact. Cela a commencé le lundi suivant, 22 octobre, par un long chat amical et très « innocent »…qui a repris deux jours plus tard. J’avais des problèmes domestiques, et il a fait mine de ne pas me proposer de venir m’aider, de peur que j’interprète mal son généreux élan : «si je te propose de venir faire le plombier, tu vas me dire que c’est un prétexte pour monter chez toi et que même si honnêtement je suis persuadé du contraire etc.». Voilà un schéma qui s’est reproduit par la suite : il propose de manière plus ou moins détournée de me revoir, mais se rétracte en jouant l’ingénu. J’ai essayé de lui faire comprendre qu’en tant qu’adultes on pouvait peut-être reconnaître certaines pulsions : «j’ai juste dit qu’il y avait des chances que ça dérape ce que tu ne veux pas admettre / or tu as déjà croqué le fruit défendu ». Et il répond sans réaliser qu’il est en pleine contradiction : «croqué, tu y vas fort, juste senti et effleuré, d’ailleurs il sent bon et il est doux mais c’est totalement objectif, donc danger ».
J’attends le moment où il sera prêt à admettre qu’il y a de l’unfinished business dans l’air. Quelques jours plus tard, après une interruption pour cause de vacances, il annonce qu’il s’absentera pendant trois semaines. J’avais raison de penser qu’il allait finir par craquer. N’y tenant plus, il se lâche enfin.
LUI - et ben tu es allongée alors j’en profite, l’autre jour, tu étais douce et sensuelle comme rarement je l’ai ressenti, et tu m’as embrassé merveilleusement ; comme ça tu ne peux pas tomber de ta chaise
Je ne m’étais pas préparée à une telle révélation. Elle me fait suffoquer. J’ai l’impression qu’il est de nouveau en train de m’embrasser et je ressens le même effet que lorsque c’était réel. Il faut que je saisisse l’occasion avant qu’il trouve le moyen de changer de sujet. Je réponds délibérément en insistant sur le côté purement sexuel de mes envies, au cas où ça le rassurerait de comprendre que je ne voulais pas d’une liaison romantique.
MOI- moi aussi j’ai trouvé ça sensuel ; franchement ça faisait très longtemps que je n’avais pas été aussi excitée par un baiser ; du coup j’étais très embêtée le lendemain
LUI- tu vois, le frisson était tout partagé
MOI- c’est bien pour ça que c’était excitant
LUI- enfin moi je crains que cela ne se soit vu
MOI- oui, je sais, c’était drôle ; mais en réalité j’étais dans le même état ; tout en étant très attérée par tout ça
LUI- drole drole, mais tu vas me vexer!
MOI- pourquoi?
LUI - (ouf, j’ai trouvé une pirouette de sortie)
Moi (ah non, tu ne sortiras pas si facilement de cette conversation, mon coco) - si c’était drôle parce que c’était à travers une espèce de doudoune ; je sais là tu te dis qu’on va trop loin
LUI- pourtant j’en avais prise une épaisse
MOI- mais franchement je ne vois pas où est le problème si tu te casses trois semaines ; tu as déjà eu le temps de digérer ce baiser
LUI- la meilleure gastronomie ne s’oublie jamais, pense aux madeleines ; tiens d’ailleurs, j’ai super fin moi ; faim ou la la
MOI - oh le beau lapsus ; tu essayes de t’échapper là (et tu n’y arriveras pas si facilement…) est-ce que tu avais compris que moi aussi ça m’avait fait de l’effet?
LUI – oui ; je sais qu’on avait mutuellement très envie l’un de l’autre
Bon, je pense que désormais il ne nous reste plus qu’à assouvir une envie mutuellement avouée et partagée, qu’il vient opportunément de réactiver. En plus, il enfonce le clou : « en tout cas, c’était un des baisers les plus érotiques de ma vie / tu dois être une magnifique amante ». Je lui explique que je suis frustrée par sa faute, et il insiste encore « ou la la, on va vraiment devenir dangereux ». Je réponds que je ne vois pas ce qui serait dangereux. A t-il compris qu’il avait le feu vert pour entreprendre de me revoir avec autre chose que des intentions innocentes ? Je pense que oui, et je me trompe.
Même pendant son voyage, quand il arrive à se connecter, il continue à attiser l’envie, par exemple en me proposant des massages. Lorsqu’il rentre en France entre deux départs, il recommence son petit jeu : il me demande en plaisantant de l’héberger à cause des grèves. Il promet qu’on se reverra bientôt, je lui dis de ne pas trop tarder, et là tout ce qu’il trouve à me dire c’est qu’il souhaite que je tombe amoureuse d’un autre : « je serais ravi et sincèrement, si tu me disais que tu étais heureuse et amoureuse dans 2 3 5 ou 10 jours ». Je suis exaspérée.
MOI- tu sais, je trouve que ton attitude est celle d’un allumeur ; et ça ne me plaît pas ; parce que relis tes chats
LUI- je te sentais énervée aujourd’hui ; j’aurais pas dû
MOI- non, je ne suis pas énervée
LUI - c’est pire pour moi
MOI- c’est-à-dire que cette hypothèse se vérifie ; à chaque fois que tu m’écris, tu me fais des compliments, des allusions coquines ; donc tu m’allumes et depuis notre baiser j’y suis sensible ; mais tu te rétractes
LUI - rappelle toi que qu’à la base, on ne veut d’une liaison ni l’un ni l’autre ; désolé, sincèrement, mais ça sur le compte des hormones
MOI (les hormones, à son âge, je rêve ! ) - c’est trop facile ; je n’ai pas dit que je voulais d’une liaison et je n’ai pas changé d’avis (…) mais il y a aussi le plan cul tu le sais bien ; tu sais bien que je suis sensible quand on m’allume ; c’est partout dans mon blog (…) traite les autres de goujat tant que tu peux ; pour moi le goujat en chef c’est l’allumeur
(…)
Lui – l’allumeur, comment ne pas l’être alors que tu ne veux ni liaison ni plan cul, je ne sais pas
MOI- mais tu n’as pas compris: j’ai dit que j’étais OK pour tenter le plan cul
(…)
LUI- ahh, là j’avais pas compris du tout
MOI- parce qu’une alchimie comme celle là n’est pas banale
LUI- vu et reçu
Moi- enfin tu te fiches un peu de moi là
LUI- non honnêtement ; je suis sans doute un peu naïf et benet mais j’avais pas saisi que tu laissais la chance ; je comprends nettement mieux l’allumeur maintenant
Il explique qu’il a tendance à faire des compliments à tour de bras sans penser à mal, qu’il fait ça avec sa (vieille) secrétaire. Oui, mais a-t-il embrassé sa secrétaire ? Il admet qu’avec moi il entretient une grosse ambiguïté, parce que « ce qui est anodin et presque réflexe » avec d’autres, il doit admettre qu’il aimerait bien le « réaliser » avec moi. Il reconnaît qu’il m’a allumée, et propose de se faire « silencieux et discret », qu’il finira par se libérer. Je n’avais pas compris que sa résolution de ne plus me parler commençait à cet instant même.
Mettre son bout : l’obsession du séducteur. Mettre les bouts : l’obsession de l’allumeur*.
(A suivre)
* Petit cadeau d’un de mes lecteurs…