Archive for mai, 2006

Le Libanais ou l’égoïsme à l’état sauvage (2)

Mardi, mai 30th, 2006

Je ne me suis pas attardée avec le Geek. En rentrant, j’ai essayé de joindre le Libanais sans succès. Le lendemain, en début d’après-midi, je lui ai envoyé un SMS avec comme prétexte celui de le remercier pour l’« excellent dîner » et de m’excuser pour « le réglisse », c’est-à-dire le digestif qui m’avait fait basculer le soir où on s’était rencontré. Pas de réponse. Je pense que c’est mort. Mais je vois qu’il est online sur Meetic, donc je lui envoie un message. Commence alors un chat d’anthologie, que je n’ai hélas pas conservé mais dont je vais reconstituer le début.
Je lui écris d’abord que dans mon SMS, je voulais le remercier mais que je savais qu’il ne voulait pas me revoir vu ce qu’il m’avait dit… j’en suis donc déjà à anticiper un rejet de sa part. Voilà en gros la conversation qu’on a eue :
 
Lui : de rien j’ai passé une bonne soirée, mais qu’est-ce que j’ai dit ?
Moi : que je grimace, que j’ai de petits seins, que je parle fort.
Lui : grimace c’est sympathique et expressif, seins ils ne sont pas si énormes.

Pour expliquer ce qui s’était passé: au resto: il m’avait dit que je n’avais pas de gros seins, contrairement à ce qu’il avait cru comprendre lors de notre conversation téléphonique de la veille, tout ça parce que je lui avais raconté que mes élèves faisaient des remarques déplacées sur mes seins à l’époque où j’étais un petit peu plus ronde.
Notez qu’il ne se défend pas sur la dernière accusation (« je parle fort »), et c’est de bonne guerre, je suis la première à ne pas aimer quand les gens parlent fort, même si ça m’arrive de temps en temps.
Puis je lui ai raconté le Geek. Il avait oublié que je devais voir quelqu’un d’autre le lendemain de notre propre rencontre. Quand je pense qu’il avait fait une histoire à ce propos le mercredi de notre premier chat, c’est dire que sa motivation était bien retombée. Mais je décide d’en avoir le cœur net, en lui disant « tu m’as beaucoup plu, je préfère que tu le saches ».
Il m’a répondu en substance: « je pense que ça ne marcherait pas mais tu m’attires » et « je ne veux pas te faire le coup du dernier » (allusion au Faux Prince dont je lui avais parlé, c’était quand même seulement quatre jours après).

Je n’avais plus qu’à prendre une décision : arrêter là ou persévérer dans le plan cul. J’ai choisi le plan cul. Je sais qu’au fond de moi une petite voix que je n’arrivais pas à faire taire me disait d’espérer qu’en se revoyant, ça pourrait quand même marcher. Espoir vain et infondé, évidemment : il a été très clair à ce moment là.
Donc je poursuis par un truc du genre : « mais j’ai apprécié le coup du dernier » et j’ai ajouté que si l’attirance est réciproque c’est dommage de ne pas en profiter.
La conversation prend doucement une allure coquine. Il me semble qu’on s’est mis à comparer les mérites respectifs des hommes et des femmes au lit, lui disait (au second degré, quoique…) que c’est le type qui doit faire tout le boulot, assurer, se retenir, etc. et que la fille n’avait qu’à être souple (j’en ai profité pour préciser que je savais faire le grand écart).
Au bout d’un moment je lui glisse que je suis limite excitée par la tournure que prend cette conversation. Il répond qu’il est limite lui aussi. Je lui propose clairement qu’on se voie pour se soulager réciproquement. Je ne pensais pas forcément à l’après-midi même. Lui si. Pourtant il avait des choses à faire, donc il a tergiversé. Il m’a demandé ce que je portais. Je lui ai répondu la stricte vérité à savoir que je portais une nuisette noire avec rien en dessous (en plein après-midi, je sais, mais je faisais la sieste). Il mord à l’hameçon et me dit de rester comme ça. Il me demande ce que je ferai quand il arrivera chez moi. Je dis que je commencerai par l’embrasser, puis l’attirer vers moi, et je me souviens de cette phrase très maladroite parce que c’était quand même mon premier chat coquin : « je toucherai ton sexe il sera tout dur ». Je passe sur des détails plus explicites.
Je lui ai balancé l’adresse et une demi-heure plus tard il était chez moi.

Donc les trois leçons à retenir pour attirer un mec dans mon lit sont :
1. lui dire qu’il me plaît,
2. lui dire qu’il m’excite,
3. lui dire ce que je vais lui faire.

(A suivre)

Le Libanais ou l’égoïsme à l’état sauvage (1)

Mardi, mai 23rd, 2006

Et puis le mardi suivant le Libanais a flashé. J’avais visité sa page le dimanche où le Prince Charmant m’avait quitté et ça avait suffit. Je lui ai envoyé un mail l’invitant à chatter quand on sera en ligne tous les deux.
Le mercredi soir j’ai chatté avec un mec, le Geek, à qui j’ai donné rendez-vous parce qu’il voulait qu’on se reconnecte vendredi et que je trouvais triste de rester derrière l’ordi un tel soir de la semaine.
Tard, très tard ce mercredi-là, le Libanais me contacte. Et tout de suite je le sens archi motivé par mes photos… je lui dit que je viens juste de donner un rendez-vous, du coup il a peur que ça marche avec l’autre. Au départ on prévoit de se rencontrer le samedi après-midi et même qu’il m’emmènera voir ses potes le soir s’il ne peut déjà plus se passer de moi. Il se dit romantique, très romantique. Ca me fait bien rire aujourd’hui.
Je finis par lui donner rendez-vous vers chez moi pour le lendemain, soit jeudi à 22h30 (je ne pouvais pas avant), soit avant le Geek. Il avait dû pas mal insister.
Quand le chat se met à bugger je lui envoie un mail pour savoir s’il confirme, il répond rapidement et j’ai la preuve de sa motivation (parce qu’elle n’a jamais été aussi forte qu’avant de me connaître) :

Il me demande de l’appeler, ce que je fais, presqu’à 1 heure du matin. On a parlé pendant plus d’une heure. Je craque sur sa voix et sur sa façon de parler et apparemment il craque sur les miennes.
Le lendemain, après une rude journée au boulot, je rentre et je me prépare. Il est légèrement en avance et il m’appelle pour me dire de me dépêcher, il est encore très motivé. On va directement dans un restaurant (assez cher, il m’aura au moins offert un excellent repas) et on se met à parler religion, guerre et politique. A cause de son origine et du fait qu’il est croyant, ce que je ne suis pas. Je m’anime, lui aussi. Il trouve que je parle trop fort (argh, mon métier veut ça) voilà un premier indice qu’il flashe moins en vrai. Il m’a seulement complimentée sur mes mains… je me demande si cela suffit ! (Voir dans le prochain post et la reconstitution du premier chat post-rencontre ce qu’il m’a dit par ailleurs !).
Moi je le trouvais très séduisant. Comme il sortait du bureau il était venu en costard mais il avait enlevé sa cravate et ouvert sa chemise : j’étais subjuguée.
Il avait commandé une bouteille de vin et on l’a partagée (ça me changeait des autres mecs rencontrés qui m’avaient regardé boire : par exemple j’avais eu le temps d’enfiler trois verres pendant que le Faux Prince sirotait le sien). Le problème c’est que je n’avais pas beaucoup mangé dans la journée, que mon plat de saumon au fenouil était assez léger et que le Libanais me plaisait trop pour que j’aie assez d’appétit pour un dessert. Bref j’avais trop bu. Pour me griller un peu plus, j’ai allumé une cigarette alors qu’il n’aime pas ça du tout. Quand je pense que je ne fume presque pas… Il était assez tard et on s’est retrouvé les derniers. Le patron nous a proposé un digestif. J’en ai choisi un particulièrement corsé sans le vouloir. Là ça m’a totalement achevée.
Après on a marché et arrivé à un angle il a bien fallu se quitter. Je l’ai regardé en attendant un signe qui n’est jamais venu. J’ai fini par bouger (ça devait être trop visible que je voulais qu’il m’embrasse) et il m’a dit « je t’embrasse » c’est-à-dire sur les deux joues.
Je me suis éloignée en pensant que de toute façon, je n’étais pas en état de faire quoi que ce soit et que peut-être que c’était mieux ainsi, même si je ne savais pas trop sur quel pied danser avec lui.
Le lendemain j’ai vu le Geek et il m’a paru bien inintéressant, hyper réservé, pas du tout mon type (j’ai un peu de mal avec les timides). En comparaison le Libanais m’a paru totalement solaire. J’espérais donc qu’il me rappelle.

(A suivre)

Le Faux Prince charmant ou le plan cul masqué (2)

Jeudi, mai 18th, 2006

C’est seulement avant de se quitter que le Faux Prince charmant a proposé qu’on se revoie. Il m’a rappelée et on s’est vu le week-end suivant, le samedi 26.
Il est venu me chercher et on est allé au restaurant près de chez moi. Là j’ai senti de façon plus réelle ce qui nous séparait : il ne vote pas, il bosse à la télé, gagne un paquet d’argent, il va à des soirées branchées, il vient d’un milieu très bourgeois, a l’intention de mettre ses futurs enfants dans le privé… et voilà en gros ce qu’il m’a dit de moi : « toi tu ne peux pas être branchée, t’es prof, tu défends la République ». A côté de lui je me sentais pouilleuse, ce dont je n’avais pourtant pas l’habitude.
La nuit d’amour a tout de même été torride. Il m’a prise sur mon canapé puis dans mon lit, puis le lendemain matin. Au petit déj, je l’ai senti un peu distant. Je savais que je ne pouvais pas prétendre pendre au bras de ce petit Rastignac. Je pense aussi qu’il n’aimait pas ma façon de parler de sexe, un peu crue. Et pourtant je ne me suis pas tellement lâchée avec lui.
Plan cul ? Evidemment, c’était ce que j’avais été et en couchant tout de suite j’avais facilité les choses. Il m’avait dit que je devais persévérer sur Meetic pour augmenter mes statistiques, c’est-à-dire mon rapport rencontre/sexe ! Donc d’en trouver d’autres !
Quand il m’a quittée je savais que je ne le reverrai pas. Pas si bien élevé finalement, faux prince charmant, il n’a jamais répondu à un petit mail que j’ai fini par lui envoyer au bout de trois jours de silence.
Voici un mail que j’ai envoyé à une amie que j’avais mis dans la confidence le mardi suivant :

La question que je peux me poser : est-ce que je me suis grillée en me précipitant dans ses bras le premier soir ? Franchement je suis persuadée que cela n’aurait rien changé. Il aurait sans doute attendu de me sauter et m’aurait quittée de la même manière. Mais moi je me serais plus attachée, et donc j’en aurais plus souffert.
D’autre part, je ne connaissais pas encore bien les règles du jeu sur Meetic, je pense que j’aurais repéré son donjuanisme si on s’était contacté un peu plus tard. Je n’ai pas cru pour autant que ça pouvait marcher, notamment parce que je m’étais forcée à garder la tête froide. Il est évident que j’ai mal pris le fait qu’il ne prenne pas la peine de me dire clairement qu’il ne voulait pas me revoir. J’ai compris que ce genre de comportement est quasiment la règle sur Meetic, mais cela ne m’empêche pas de trouver cela totalement mal élevé.

Cette rencontre a été décisive pour la suite. J’ai compris une des autres règles du jeu de Meetic : pour en oublier un, il faut en trouver d’autres, très rapidement. Je ne sais plus combien de temps s’est écoulé entre le départ du Faux Prince charmant et une séance de chat frénétique sur Meetic dans l’idée qu’il ne devait pas être le seul mec intéressant sur le site… à peine une heure je crois.
J’appliquai désormais une méthode de recherche rigoureuse. Comme les types qui me contactent ne me conviennent pas, c’est à moi de partir à la chasse aux Parisiens bac+5. Il suffit de rentrer des critères de recherche, par exemple l’âge (maximum 33 ans parce qu’au-delà j’ai l’impression que le bagage est trop lourd).
Une fois les critères rentrés, une centaine de pages s’affichent avec photos et annonces. Méthode : regarder les photos, voir s’il y en a un qui capte mon regard (souvent à peine un par page) puis regarder l’annonce. Si l’annonce est débile ou trop terne ou pleine de smileys et de fautes, je passe mon chemin. S’il passe le test de l’annonce, je visite la page et je regarde attentivement les photos puis tout le reste. Je regarde quand le type s’est connecté en dernier et le nombre de personnes qui ont visité sa page pour savoir s’il est souvent en ligne. Si c’est le cas je m’arrête là. J’ai visité sa page et il va me contacter si mon profil l’intéresse. S’il ne me contacte pas c’est soit qu’il n’aime pas ma photo, soit qu’il n’est pas disponible, soit qu’il est timoré et dans ce cas il ne me conviendra sans doute pas. Si vraiment le profil me semble très prometteur et qu’il n’est pas souvent en ligne, je “flashe”. Mais ça a dû m’arriver trois ou quatre fois seulement (sans toujours de réponse de leur part, mais je ne peux pas leur en vouloir dans la mesure où parmi les centaines de mecs qui ont “flashé” pour moi, j’ai dû visiter la page de moins d’un vingtième). Aujourd’hui, j’opte plutôt pour le mail.
Le jour où le Faux Prince est parti de chez moi, j’ai chatté assez longtemps, et je me suis rendu compte que j’avais changé d’optique, que je faisais des sous-entendus coquins. Voilà : j’ai pu ne pas baiser pendant un an sans en ressentir sérieusement le besoin et me sentir en manque le matin même où je l’avais fait.
Je ne me souviens plus de ce que tous ces chats ont donné, pas grand chose en vérité…

Le Faux Prince charmant ou le plan cul masqué (1)

Samedi, mai 13th, 2006

Avec le Faux Prince charmant, j’ai compris à quel point le chat était un outil révélateur des caractères. Les échanges fusaient, le dialogue allait à toute vitesse, sans ces interrogatoires insupportables du type : « et tu fais quoi dans la vie ? » Tout était à prendre à la légère avec lui, y compris son annonce où il avait mis un poème complètement cul-cul sur l’amour. Et le fait qu’il se présentait comme le seul « authentique prince charmant ». En chattant avec lui, j’ai ri aux larmes derrière mon ordinateur. Pour la première fois je n’avais aucun a priori négatif avant de le rencontrer. L’instinct disait : oui, oui, vas-y !!! Mais j’avais tellement peur d’être déçue par la rencontre que j’ai décidé d’envoyer un mail d’adieu à ce cyber buddy, dont je savais que les chats allaient me manquer.

On s’est rencontré un mercredi à peu près 5 jours après le premier chat pour un apéro dans un bar à mi-chemin de chez lui et de chez moi. Au bout d’un moment, il a dit qu’il avait faim et on est allé au resto. Tout allait bien, je le trouvais à mon goût : plus beau qu’en photo (la bonne surprise !) attentionné, intéressant… Je ne savais pas si je lui plaisais, il n’en laissait pas paraître grand chose, mais il a dit plusieurs fois qu’il me trouvait jolie. Il m’a pris les mains pour les examiner (et me toucher ?) et a affirmé qu’elles étaient très belles. De mon côté, j’avais une fâcheuse tendance à l’auto-dépréciation dans cette conversation, et il me l’a fait remarquer. Par exemple, je lui ai dit que j’avais déjà bossé comme hôtesse (je voulais dire hôtesse d’accueil en entreprise), et il m’a demandé, certainement amusé, si j’étais escort girl, ce à quoi j’ai répondu sérieusement que je n’étais pas assez jolie pour ça. Pourquoi ai-je eu cette tendance me déprécier ? Je pense que j’anticipais un éventuel rejet, une déception de plus… je venais d’être effacée de la mémoire d’un autre, des élèves venaient de me faire une horrible crasse, j’étais fatiguée, bref, ce n’était pas trop mon jour. Mais je sais que se présenter de façon négative ne donne pas envie. J’ai fait attention à ne plus jamais donner cette impression depuis ce soir-là, quitte à paraître très sûre de moi.
En sortant du resto je ne savais toujours pas quoi penser. Seul indice : il a remarqué que des gens s’embrassaient dans la rue. Il a aussi dit qu’il avait froid, je lui ai tapoté le dos humoristiquement mais il n’a pas réagi. Je pensais que c’était mort (je tire souvent des conclusions hâtives). Ou alors il était en train de réfléchir…
Arrivé devant le métro, au moment fatidique de se dire au revoir, il a fini par me dire qu’il voulait m’embrasser. Je lui ai répondu par un baiser assez fougueux et je crois qu’il a été surpris. Puis je lui ai proposé de venir chez moi et il a accepté. Je sais, c’est moi qui ai transformé l’affaire en plan cul. J’avais hâte de me débarrasser de cette « première fois ».

Le parcours pour arriver chez moi a été semé d’embûches, comme si le destin s’acharnait contre moi qui voulais simplement faire l’amour avec ce charmant jeune homme. On a dû changer de ligne de métro et se taper un très long changement parce que la mienne était bloquée : une bonne demi-heure perdue. Je n’étais pas super à l’aise, surtout dans la lumière blafarde du métro.
Lorsque nous sommes arrivés chez moi, j’ai vidé mon sac à mains et je me suis rendu compte que je n’avais pas mes clés. C’est ça : un acte manqué ? Je pense qu’il est possible que j’aie jeté mes clés dans la poubelle en descendant mes sacs. Voilà que je me retrouve dans le local poubelle à chercher un hypothétique trousseau… très romantique, je sais. Puis je me rends à l’évidence : il est plus d’une heure du matin mais je dois appeler (et réveiller) un voisin pour qu’il me donne le double de mes clés. Le Faux Prince me prête son portable et il attend patiemment au pied de l’immeuble voisin. Il est plus d’une heure quand on accède enfin à l’appart. Sachant que je dois me lever à 6 heures… Toujours aussi parfait, le Faux Prince me propose de refouiller les poubelles à deux. Je préfère prendre l’affaire comme une aventure, genre les agents Mulder et Scully mènent l’enquête. On a retourné les ordures de tout l’immeuble et surtout les miennes sans succès. Charmant, charmant de partager ses ordures avant de faire l’amour…
Quand on remonte chez moi on saute sur le lit et je pousse un cri parce qu’il se renverse. Son commentaire : « cette fille et folle ! cette fille est folle !!» et on passe enfin à l’acte.
La première nuit d’amour a été moyenne, j’avais besoin de me détendre compte tenu du fait que je ne l’avais pas fait depuis longtemps. Il a passé la nuit avec la perspective de se lever hyper tôt… Je le trouvais bien élevé comme garçon.

(A suivre)

L’Exhibo ou la deuxième erreur de casting

Mercredi, mai 10th, 2006

A force de me connecter sur Meetic pour voir si j’avais de nouveaux mails, je me suis laissée tenter par cette fenêtre verte qui clignotait en haut de l’écran : « VOUS AVEZ UN MESSAGE CHAT ». Je n’étais pas très à l’aise par l’idée du chat au début. Je ne sais pas si vous vous souvenez de la scène du chat dans Closer, mais moi elle m’a traumatisée. Non pas parce que l’un des deux types se faisait passer pour une fille, mais parce qu’en chattant il faut être drôle, pétillant et coquin en répondant du tac au tac. Je croyais que j’en serais incapable. Je ne sais pas exactement à quel moment j’ai commencé : il faut se rappeler que seuls ceux qui ont toujours une fiche apparaissent  encore dans la liste des gens avec qui j’ai chatté. Je me rappelle d’un stewart assez mignon en photo et de mon âge qui disait tranquillement ne chercher que des rencontres sexuelles. Je lui avais répondu gentiment qu’aussi tentant que cela me paraissait, je n’étais pas prête à faire ce genre de rencontres. Il a fallu que je chatte avec un garçon plus jeune que moi, 24 ans, pour que la timidité disparaisse. Ayant d’emblée évacué la possibilité d’une rencontre sérieuse avec lui en raison de son âge, j’ai envisagé qu’on prenne un verre pas loin de chez moi, où on poursuivrait ensuite si on se plaisait. J’ai ajouté : « tu ne seras pas déçu », avec l’assurance que j’ai quand j’ai affaire à bien plus jeune que moi. Il m’a laissé son numéro de portable, mais je ne l’ai pas appelé. Ce que je sais, c’est qu’au moment de ma rencontre avec l’Erreur de casting, je l’avais en poche, et que j’ai failli appeler. Tout ça pour expliquer que je commençais à vouloir que mes rencontres débouchent au moins sur du sexe : j’avais le sentiment d’avoir besoin de me décoincer compte tenu du fait que je n’avais pas fait l’amour depuis plus d’un an.
 
J’ai cru que l’Exhibo serait un bon candidat. La première fois que j’ai chatté avec lui, c’était le lendemain de ma rencontre avec l’Egocentrique, le 12 novembre. Je ne savais pas encore qu’avec ce dernier, ça ne donnerait rien (j’ai d’ailleurs chatté avec lui ce jour là, et il m’a donné l’adresse de son blog sur lequel j’ai passé du temps, c’est dire que je l’avais encore en tête).
L’Exhibo  m’avait d’emblée envoyé un lien vers un site de photos où il posait nu (je précise qu’on ne voyait pas sa queue). Je n’étais pas particulièrement choquée (des tas de filles l’ont été, m’a-t-il dit ensuite), juste un peu perplexe. Je n’ai pas commenté les photos mais j’ai continué à chatter. Il m’a demandé s’il me plaisait, j’ai répondu oui, parce qu’il avait l’air assez beau et surtout à l’aise avec son corps. Pour la première fois l’échange était d’emblée sur un mode de séduction, ce que je trouve assez honnête. J’ai fait quelques sous-entendus coquins en chat, mais vraiment légers avec du recul… Lui m’avait dit qu’il pensait que les gens avaient besoin de faire l’amour pour découvrir leurs affinités.
J’ai clairement envisagé de coucher avec lui avant notre rencontre. Cela me laisse perplexe aujourd’hui parce qu’en revoyant ses photos je trouve qu’il n’est pas du tout mon type (même si je ne connais mon type d’hommes que par défaut), et ce qu’il disait en chat ne m’intéressait pas. Il avait créé un autre site avec des photos de lui depuis tout petit, et franchement cette façon d’exposer des photos de famille et de vacances sur le Net ne me plaisait pas. Le pire c’était ses fautes d’orthographes, abominables… Je me suis quand même laissée aller parce qu’il avait craqué sur mes photos et avait l’air très gentil. D’autre part, il avait mon âge, un boulot intéressant et il habitait à dix minutes de chez moi en bus.
 
Je lui ai donné rendez-vous le 17 novembre à mi-chemin de chez lui et de chez moi. Un jeudi soir tard, vers 22h30 je crois, parce que ça m’arrangeait, mais quand j’y repense c’était une incitation… . On a marché un peu, puis je l’ai emmené dans un pub que j’aime bien où je ne l’ai pas senti à l’aise. Il a commandé un coca, moi une bière (argh) et on s’est installé au calme au premier étage.
Dès les premiers échanges j’ai compris que j’avais fait une erreur. Sa conversation ne me passionnait pas toujours, sauf quand on parlait de Meetic parce qu’il l’avait fréquenté assidûment et en savait plus que moi. Surtout sa voix haut perchée ne me plaisait pas, et sa façon de parler assez bouseuse (choses qu’on ne peut pas remarquer en chat). Je n’étais pas à l’aise avec lui… et j’ai repensé à ses photos, qui ne m’avaient pas mise à l’aise non plus.
Pendant qu’on prenait un verre, j’ai tout fait pour rendre la conversation « amicale » et non flirteuse, et j’ai essayé de lui faire comprendre du regard que je ne comptais pas aller plus loin. Il m’a quand même proposé d’aller chez lui… c’était dans l’idée de poser pour lui parce qu’il fait des photos. Il m’a dit qu’au bout d’un moment j’enlèverai le haut. C’est ça, dans ses rêves. Je suis rentrée chez moi.
Là encore, je n’avais pas tenu compte de mes warnings lors des chats. A quoi ça rimait, cette façon de se montrer nu sous prétexte qu’il n’a « rien à cacher », et même de se mettre torse nu sur sa photo principale ? Cette photo avait d’ailleurs été censurée plusieurs fois par Meetic mais il s’était acharné à leur envoyer. Il prenait pourtant des risques à renvoyer ses contacts sur un site où il était nu. Il m’a dit avoir fait l’objet d’une tentative de viol de la part d’un homme qui s’était fait passer pour une femme, et cela m’étonne à peine.
On a rechatté et il a su que j’avais franchi le pas avec mes deux rencontres suivantes. Il m’a dit directement qu’il voulait faire l’amour avec moi, et j’ai redit non. Puis je n’en ai plus entendu parler.

L’Egocentrique ou les affinités électives

Samedi, mai 6th, 2006

Entre temps, j’avais commencé à échanger des mails avec un type que j’avais repéré et même « flashé ». J’avais assez rapidement compris l’intérêt de chercher soi-même sur Meetic au lieu d’attendre les sollicitations. Mais à ce moment-là c’était encore artisanal, j’y reviendrai.
Ce garçon avait l’air de correspondre à tout ce que je cherche : de l’humour à revendre, une vraie passion pour la musique, les mêmes goûts que moi et une soif d’apprendre hors du commun. D’après ses photos, il était très mignon, ce qui ne gâchait rien. Le seul défaut qui transparaissait dans ses mails était sa propension à se raconter… par exemple qu’il rentrait d’un séjour chez ses parents en province et qu’il ne les avait jamais vus aussi détendus… Je ne sais pas trop quoi penser de gens qui s’étalent sur leurs proches alors que leur interlocuteur ne les connaît pas. J’ai répondu, très motivée, je ne peux pas le nier, mais avec beaucoup plus de retenue que lui.
On s’est donné rendez-vous le 11 novembre en début d’après-midi. Pour la première fois, et c’est devenu un rituel, j’ai rangé mon appartement et j’ai changé les draps : on ne sait jamais… Lui-même avait eu une expression assez jolie dans un de ses mails en disant chercher à faire des rencontres amicales « et plus si on ne peut pas faire autrement ». J’avais la nette impression qu’il me plairait et que si c’était réciproque, il se passerait des choses assez rapidement.

Autant le première rencontre avait été terne, autant celle-là fut enthousiasmante. On a marché et pris un verre à Odéon, puis on a enchaîné sur un resto. Je crois que si je n’avais pas eu quelque chose de prévu le soir même, on aurait passé la soirée ensemble. On a discuté à bâtons rompus pendant cinq heures. On ne peut pas parler aussi longtemps sans débusquer des affinités évidentes, mais il était aussi égocentrique que dans ses mails et il avait des problèmes psychologiques : il était sous valium pour soigner des angoisses qu’auparavant il traitait par le shit. D’ailleurs il ne buvait pas d’alcool à cause de son traitement, et franchement la perspective d’être avec un type qui ne boit jamais ne me réjouissait pas.
Sinon, je ne ressentais pas particulièrement d’alchimie sexuelle entre nous, mais je pensais qu’il était possible que ça s’arrange au cas où on changerait de registre. En attendant, j’étais ravie de m’être fait un nouvel ami. On a chatté le lendemain matin et on a continué à s’envoyer des mails, dont un où je lui proposais de voir une expo ensemble…

Puis un mail m’est parvenu où il disait coucher avec son ex en présentant cela comme une fatalité ou un dérapage, je ne sais plus exactement. Je n’ai pas trop compris pourquoi il avait besoin de me dire ça puisque je pensais qu’entre nous ce serait amical. Je lui ai répondu en lui disant qu’il n’y avait pas de quoi être fier en effet. Pas de réponse. Une semaine après son mail fracassant, il a retiré sa fiche de Meetic, et ma boîte aux lettres s’est retrouvée amputée de moitié : tous ses mails et ceux que je lui avais envoyés étaient effacés automatiquement. J’ai eu l’impression de vivre une scène d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind : quelqu’un m’avait littéralement effacé de sa mémoire.
Entre temps j’avais fait une troisième rencontre qui m’avait déçue et j’étais très déprimée ce jour-là*. J’avais l’impression de m’être fait avoir. J’avais cru que ce type cherchait à rencontrer de nouvelles têtes, faire des rencontres amicales, même s’il n’était pas fermé à une relation. C’était ce qu’il avait indiqué dans son annonce et il me l’avait redit plusieurs fois. Et pourtant, à la minute où il couche avec son ex, il coupe tout contact avec moi et se casse de Meetic. Finalement c’était un faux cul. Celui-là m’a plus déçue que ma première et ma troisième rencontres réunies.
Moralité : ne pas chercher d’amitié sur Meetic, c’est du flan. Les gens sont là pour du cul et « plus si affinités », ils ont assez d’amis comme ça.

* Mais c’était le 24 novembre et le soir même j’ai rencontré le Faux Prince charmant. La déprime a donc été de courte durée.

L’Erreur de casting et comment l’éviter

Mercredi, mai 3rd, 2006

Franchir le pas, cela voulait dire publier une photo et répondre aux sollicitations de ces messieurs. Cela se passait vers fin octobre. Dès que ma photo est apparue j’ai reçu quelques mails (pas de chat parce que je ne passais pas beaucoup de temps en ligne à ce moment là). Un des premiers que j’ai reçus m’a paru provenir d’un type assez sympa et mignon. Avec le recul, je sais que je n’aurais pas dû répondre à un mail qui commence par « Youhou !!!!!! » ni à un quelqu’un qui fait trop de fautes, qui a un usage inconsidéré des smileys et de la ponctuation, et qui passe constamment du coq à l’âne de façon quasi hystérique. Voici un bout que j’ai gardé (date inconnue), le reste est perdu :

Aujourd’hui il est clair qu’un mail pareil me ferait partir en courant. Mais voilà, à l’époque je me pensais trop exigeante et surtout trop snob. Il fallait que j’arrête cette obsession des intellos et que je me concentre sur les gentils.
Après quelques mails du même acabit, j’ai suggéré de se rencontrer. On s’est donné rendez-vous au premier étage d’un café parisien le samedi 5 novembre à 17 heures. Quelle déception !! Autant le type avait l’air un peu drôle dans ses mails, autant il me paraissait terne en vrai. Il ne ressemblait pas à sa photo principale (c’est de ma faute, je n’avais pas assez étudié les autres photos) et il avait manifestement quelques kilos en trop. J’ai trop parlé pour meubler et je suis partie au bout d’une heure. Je lui ai dit qu’on se recontacterait par mail mais il n’y a pas cru et moi non plus. Je ne lui ai pas donné mon numéro de téléphone. Donc première rencontre et premier fiasco. C’est la seule fois où je n’ai eu aucun contact que ce soit après la rencontre… même pas un mail.
J’étais assez déprimée après cette rencontre et je pensais que Meetic ce ne serait que ça : des types médiocres qui trichent sur leur aspect physique. J’en ai tiré deux leçons : toujours se fier à son instinct quand il dit non (parce que j’avais senti en lisant ses mails que je ne pourrais décemment pas m’entendre avec lui) et bien étudier les photos : si on ne sent pas un petit feeling, il vaut mieux laisser tomber.

Six mois de réflexion

Lundi, mai 1st, 2006

Au moment de mon inscription sur Meetic j’étais totalement obsédée par mes problèmes de boulot : je suis prof et cela se passait assez mal. Ce climat était peu propice aux rencontres… J’étais seule depuis plus d’un an, certainement parce que j’étais trop repliée sur moi, incapable de penser à autre chose qu’à ma simple survie. De plus, comme le boulot n’allait pas, j’avais tendance à trop manger, et je pesais environ quatre kilos de plus qu’aujourd’hui : rien de très préoccupant mais je me sens toujours moins bien quand je prends du poids ( les kilos se sont envolés rapidement depuis).
Je comptais les mois, les semaines, les jours qui me séparaient de ma libération, c’est-à-dire la fin de l’année scolaire. Quand l’échéance approchait, je me suis inscrite sur Meetic en remplissant une fiche sans annonce ni photo. J’ai voulu voir qui était inscrit par simple curiosité, je n’étais pas prête à franchir le pas. Franchement, les fiches que me soumettait régulièrement Meetic (« 20 célibataires à rencontrer ») ne me donnaient pas envie d’aller plus loin. J’ai d’ailleurs continué à les recevoir et j’ai compris qu’en fait Meetic ne joue pas le jeu et ne m’envoie presque pas de profils qui correspondent à mes critères.
Pendant six mois, je n’ai quasiment pas mis les pieds sur le site parce que je me méfiais beaucoup de ce type de rencontres. Je ne pensais pas que les inscrits étaient forcément des pauvres types, mais je me savais extrêmement exigeante dans la vie et je pensais avoir peu de chance de rencontrer quelqu’un qui me plaise. Sinon, j’avais peur que ceux qui me plaisent ne s’intéressent pas à moi. J’étais persuadée que beaucoup de mecs cherchaient des blondes de plus d’1 mètre 70, ce que je ne suis pas (n’importe quoi ! En fait je rentre dans les critères de quasiment tout le monde).
D’autre part, la chose qui me gênait le plus, et que bizarrement j’apprécie bien aujourd’hui, c’est l’absence d’ambiguïté. Moi hétéro célibataire je devrais rencontrer des hétéros célibataires de mon âge ou à peu près. Dans la vie, cela arrive (pas très souvent hélas), mais j’ai toujours l’option de l’esquive, de faire croire que je suis indifférente ou que j’ai un petit ami si je sens qu’un type n’accroche pas ou que je le trouve lourd. Sur Meetic on est là pour se plaire et il n’y a pas de masque : le rejet ou le râteau est inévitable, même s’il est poli.
 
Quand le boulot a commencé à aller mieux, j’ai franchi le pas presque par fatalité, six mois après avoir rempli ma fiche. J’étais persuadée que si personne ne me draguait – à part les gros lourds – c’était parce que tout le monde était sur Internet. Je me suis donc lancée dans les rencontres sans trop savoir ce que cela allait donner, même si j’étais certaine qu’il se passerait quelque chose.
En répondant aux premiers contacts le sentiment qui régnait était la méfiance et le scepticisme. Je ne pensais pas sérieusement avoir des chances de faire une « belle rencontre » sur Meetic. Je ne voulais pas non plus y aller pour des trucs d’un soir (l’expression « plan cul », tellement répandue sur Meetic, m’était alors inconnue). D’ailleurs, les tous premiers mecs qui m’ont dit clairement chercher du cul m’ont fait fuir… mais un type qui affirmait chercher quelque chose de sérieux parce qu’il en avait assez des aventures sans lendemain m’a fait fuir de même. J’ai découvert à ce moment là que ce n’était pas mon état d’esprit, que je voulais « multiplier les rencontres ». Une étape de transition nécessaire entre une période de solitude et une vraie rencontre (que je n’ai toujours pas faite).